« Parlez moi un peu de vous. » « Hé bien, par quoi suis-je censé commencer ? » Il prit un air pensif, avant de sourire. Autant commencer par le début, c'est ce qui semblait le plus logique et le plus simple. « Je suis atypique. Mélange entre un père aristo' jusqu'au bout des ongles, qui a été déshérité après avoir annoncé ses fiançailles avec ma mère. Il faut dire que ma mère était loin d'être la belle-fille dont mes grands parents rêvaient. Plus coincés, traditionalistes et rétrogrades qu'eux on ne pouvait pas trouver. Ma mère était à cent mille lieux de la femme qu'ils auraient voulu voir entrer dans leur famille. » Il ne les avait jamais rencontré et autant dire qu'il n'en avait jamais manifesté le moindre désir. Vu le tableau qu'on lui avait fait, ils ne gagnaient pas à être connu.
Des gens qui n'appréciaient pas sa mère était de toute façon -de son point de vue- totalement inintéressant. Car, on ne pouvait pas trouver plus adorablement cinglée qu'elle. « Espagnole venant d'un milieu modeste, elle était depuis longtemps une protectrice de la cause animal à GreenPeace, en plus de défendre toutes les causes qui la touchaient. Si j'ai hérité du physique de mon père, nul doute que je possède le caractère enflammé, ouvert et déterminé de ma mère. » Ouais, bon d'après son père, il était surtout un vrai chieur narcissique et insolent, mais bon qui pouvait-il s'il avait une grande gueule. C'était plus fort que lui, dès que quelque chose lui déplaisait il l'ouvrait. Et pour le côté narcissique, il était totalement innocent. Qui pouvait-il si son petit accent irlandais et sa bouille d'ange les faisaient toutes craquer. Ce n'était tout de même pas sa faute, si ces yeux de cocker abandonné marchaient sur absolument tout le monde. Il sortit de ses pensées pour poursuivre sa petite histoire. « Si je nuis né à Dublin, j'ai ensuite été trimballé de ville en ville au gré de la fantaisie de mes parents. Ce n'est qu'au bout de dix ans qu'ils ont décidés de se poser, et tout naturellement ils ont choisi la ville natale de ma mère, Barcelone. A partir de là, j'ai une enfance tout ce qu'il y a de plus ordinaire, partageant mon temps entre famille, amis, et cours. »

Pas de traumatisme, aucun évènement particulier ne vint perturber son train-train... Bon seulement, si on ne comptait pas les délires de sa mère qui se trouvait tous les deux jours une nouvelle passion ; passion qu'il se retrouvait obligé de partager. Autant dire qu'il s'arrachait les cheveux quand sa traitresse de mère lui annoncer qu'ILS allaient se mettre au jardinage, au tricot, à la broderie, et tout autre lubie tout aussi ridicule. « Mais, dites m'en plus sur votre travail. Pourquoi attaché de presse ?» « J'aime le showbizz'. Le luxe, les médias qui vous tournent autour j'adore. Le truc c'est que j'aime tout contrôler, tirer les ficelles dans les coulisses alors il m'a paru logique de me tourner vers ce métier. C'est juste jubilatoire de savoir que vous pouvez créer une star, de voir les gens suspendus à vos lèvres en attente d'infos croustillantes... J'adore mon travail, et jusqu'à maintenant il a toujours eu la priorité ! » Il adorait son boulot, et il était vite devenu une référence, choisissant lui-même ses futurs clients, allant dans la rue pour dénicher la perle rare. Étant du genre directif, consciencieux, sérieux et motivé, il n'avait eu aucun mal à vite grimper les échelons jusqu'à monter sa propre boite. Il savait jouer de son charme, était connu pour trouver une solution à n'importe quel problème et pour ne jamais lâcher une affaire tant qu'il n'avait pas eu le dernier mot. « Votre vie privée peut-elle être épanouie, si vous êtes à ce point plongé dans votre travail. ?» « Pour l'instant, ça passe largement au second plan. Je me contente d'histoire d'une nuit. Je n'ai guère envie de m'investir dans une relation pour l'instant. Je passe ainsi pour un salaud, mais bon je n'ai jamais caché que j'étais un coureur de jupon. » Il était pourtant très clair dès le départ, et ne promettait absolument rien, mais il tombait toujours sur d'incurables rêveuses qui croyaient qu'elles allaient pouvoir le changer. Pff, franchement, merci bien, il n'allait pas s'embarrasser d'emmerdeuses qui rêvaient de se faire passer la bague au doigt. Le rôle du pigeon très peu pour lui. « D'ailleurs, il se pourrait que je ne sois pas qu'un coureur de jupon. Je ne pensais pas être intéressé par les hommes, sauf que depuis quelques temps, j'ai des pensées qui n'ont rien d'amicales envers mon meilleur ami. Ajoutez à cela le fait que j'ai une ou deux ou deux fois été dragué par des mecs, et que cela ne m'a pas laissé indifférent. » Il était très serein par rapport à cela, ses parents se moquaient totalement de son orientation. Pour eux c'était ok, tant qu'il ne devenait pas zoophile, ou n'importe quel autre truc étrange. Le seul truc qui le dérangeait était d'être amoureux de son meilleur ami. Parce qu'il n'avait aucune envie que quoi que ce soit ne mette en péril leur amitié.

Pour résumer le plus simplement du monde, il est extrêmement compliqué, étant un mélange entre la nonchalance, l'esprit rationnel, et le sérieux de son père, et la folie, le charme et le caractère merdique de sa mère. Ainsi, Léandro est un chieur, un coureur de jupon, mais un sourire, un geste tendre et on oublie ses mauvais côtés.