CHAPITRE 1. « Jezabel, où t'as mis mon gel douche ? » hurlai-je, exaspérée. J'avais l'habitude de ne pas retrouver mes affaires de toilette depuis que j'étais dans cette colonie de vacances : quand ma colocataire ne les vidait pas jusqu'à la dernière goutte, elle jetait les bouteilles à moitié pleines parce qu'elle n'aimait pas leur parfum. « Ben là. » Je sursautais et manquais de m'effondrer. Ma colocataire s'était glissée dans la salle de bain pendant que je vociférais contre elle. « Dégage d'ici. » J'essayais de cacher mon corps de son regard que je jugeais bien malsain. « On t'a déjà dit que t'étais bien foutue ? » Et sans aucune gêne, Jezabel s'approcha et m'asséna une petite claque sur le derrière. « SEIGNEUR, CASSE TOI DE MA SALLE DE BAIN. » L'incident parait mineur, mais il a eu un impact assez important sur ma vie future. Plus petite, je trouvais déjà quelques qualités aux filles, mais je comparais ça à de la jalousie, ou de l'envie : ces filles étaient jolies et bien foutues; mais je ne les désirais pas. C'est vrai, les garçons me convenait mieux : je les choissiais grands et musclés, et plus ils étaient macho, plus j'étais accro. Mais c'était sans compter sur Naya.

CHAPITRE 2. Le cours de droit avait commencé depuis une dizaine de minutes. Comme d'habitude, j'étais au fond de l'amphithéâtre, un chewing-gum dans la bouche, en train de dessiner sur mon cahier. Un léger coup toqué sur la porte m'intrigua, je levai la tête. Et là, ce fut un coup de foudre immédiat. La porte s'ouvrit et apparut la plus belle fille que j'avais jamais vue. Bien que ça fait des années que je n'ai pas vu cette fille, je pourrais vous décrire avec exactitude cette scène. Elle était toute mince, avec des dizaines de bracelets aux deux poignets qu'elle tripotait sans cesse. Son short taille haute - qui était ringard à l'époque - lui allait parfaitement et son débardeur trop grand laissait entrevoir son soutient gorge. Puis sa voix. Elle s'excusa, se présenta. Son prénom était Naya, elle était nouvelle et s'excusait pour son retard : elle n'avait pas trouvé l'amphi. De ce jour là, elle m'a dit se souvenir de mon air ébahi quand je l'ai vue entrer dans la salle. Moi aussi je lui avais tapé dans l'oeil. Au départ, j'avais beaucoup de mal à m'avouer mes sentiments. Je l'évitais souvent, ne la regardais jamais dans les yeux quand elle me parlait. Mais il s'avéra qu'il serait difficile pour moi de l'ignorer : Naya était la fille d'une collègue de ma mère, qu'elle invitait souvent à la maison, pour "l'aider à s'intégrer à Barcelone, tu sais, et ça serait bien que Naya et toi appreniez à vous connaitre." Naya était fourrée presque toute la journée chez moi, et dormait deux ou trois fois par semaine chez moi. Et un jour, après avoir papoté une bonne partie de la nuit, Naya se glissa dans mon lit. Elle prétendait avoir peur de l'orage : je ne me souviens pas avoir entendu le tonnerre dehors. Elle se collait contre moi, au départ j'etais gênée mais la chaleur de son corps m'apaisa. Et tout doucement, ses lèvres se posèrent sur les miennes. Et je ne l'ai pas rejetée, tout cela me sembla naturel. Du jour au lendemain, nos rapports avaient changés : ma mère l'avait remarqué mais mettait cela sur le compte d'une amitié.

CHAPITRE 3. « Je dors chez toi ce soir ? » me demanda Naya, en me regardant droit dans les yeux. "Bien sur que oui." Elle dormait tous les jours chez moi depuis notre baiser - et première fois lesbienne. Nous étions tout le temps collées ensemble et n'hésitions pas à nous afficher dans les lieux publics. Mais si j'assumais pleinement mon attirance pour les filles (et les garcons) dans la rue ou à la fac, à la maison, il en était tout autrement. Quand ma mère me demandait comment Naya allait, j'étais toujours tentée de lui dire que nous sortions ensemble mais la sachant .. conservatrice, je n'osais pas. Pourtant, tout mes amis et certains voisins me savaient bisexuelle, sauf elle. Elle serait capable d'en crever d'une crise cardiaque entre mes doigts si jamais je lui annonçais.  
« Les filles, arrêtez de glousser comme des dindes, il est trois heures du .. » Ma mère, venue nous dire de nous calmer, s'arrêta net. Sous ses yeux, Naya et moi nues sur le lit, ma petite amie entre les jambes. La situation ne laissait aucun doute, aucun quiproquo n'était possible. Le lendemain, la confrontation fut dure mais rapide. La mère de Naya se fut pas surprise : la jeune fille avait déjà été renvoyée de son ancien établissement scolaire pour son homosexualité. Ma propre mère tomba de haut, pour elle Naya était une modèle de pureté et elle n'imaginait pas une seule seconde qu'elle puisse aimer les filles. La décision de ma mère fut irrévocable : elle me virait de la maison. J'étais en première année de fac, donc une étudiante, donc je pouvais trouver un job et étudier en même temps, donc elle ne me donnerait pas un centime pour m'aider à survivre. 

CHAPITRE 4 : LA CHUTE. Depuis, j'ai arrêté les études de droit, je n'arrivais pas à travailler et étudier, j'étais constamment fatiguée. J'avais trouvé un emploi de barmaid dans un bar pommé de la ville et le meilleur ami -gay- que je m'y suis fait me donnait des "vitamines" pour m'aider à tenir le coup. Je n'étais pas tentée par la drogue : j'étais persuadée d'être une fille saine et sans problème, mais l'abandon de ma mère m'avait beaucoup plus marquée que je ne le pensais. J'ai commencé avec un ecsta. Puis deux. Un joint. Un rail de coke. J'ai réussi à décrocher, avec difficulté : mes vieux démons ne sont jamais partis et je consomme encore de la marijuana régulièrement. J'ai perdu mon emploi de barmaid, mais j'en ai trouvé un autre dans un salon de tatouage. Très peu portée sur le dessin, je me contentais de répondre au téléphone et prendre les rendez vous pour le tatoueur qui depuis m'a appris comment manier l'aiguille. Si je ne fais pas encore de dessins complets, je retouche les couleurs quand il n'a pas le temps de le faire. Je n'aurais jamais cru dire ça mais cette vie me plait. Bien sur, fumer autant ne me fait pas plaisir, mais, comparé au moment de ma vie où j'étais au plus bas et ai failli en finir avec la vie, tout a bien changé. J'assume pleinement et fièrement mon homosexualité. Je suis même connue dans le quartier pour être une entremetteuse et savoir reconnaitre au premier coup d'oeil qui est gay ou non. Le réseau d'Ana-Isadora m'a apporté beaucoup de chose, et surtout du soutien. Je ne souffrais pas du regard ou jugement des autres mais plutôt celui de la mère qui m'avait complètement reniée.       

Gladys-Evelyn Lagos a écrit:

WARREN, what a sexy girl
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Kobra-Guillermi Ruderigos a écrit:

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JE PLUSSOIE
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